8 mai 2023, souvenons-nous des Malgré-Nous
Retrouvez le texte prononcé lors d'une céromonie au Mémorial de Tambow de Mulhouse le 8 mai 2023.
Chers amis, chers Conquérants,
Nous sommes réunis ici, au Mémorial de Tambow de Mulhouse en ce 8 mai pour célébrer la mémoire de ceux qui ont combattu contre leur gré pour un camp qui n’était pas le leur au cours de la Seconde Guerre Mondiale qui s’est achevée il y a exactement 78 ans.
A partir de 1942, près de cent mille Alsaciens et trente mille Mosellans ont été obligés de porter l’uniforme de la Wehrmacht. La plupart d’entre eux ont été envoyés sur le front de l’Est pour combattre l’Armée Rouge de l’Union Soviétique. De nombreux furent faits prisonniers au camp de Tambow, à 420 kilomètres au sud-est de Moscou. Quelques-uns survécurent et purent revenir chez eux. Le dernier d’entre eux, Jean-Jacques Remetter, fut libéré en 1955, soit 13 ans après son incorporation de force.
Aujourd’hui, en 2023, alors qu’un nouveau conflit embrase une partie de l’Est de l’Europe, nous Français devons faire preuve d’une grande vigilance. A trop vouloir jouer les « chevaliers blancs » sans apprécier exactement les tenants et les aboutissants de cette guerre avec la rigueur et l’honnêteté intellectuelle qui devraient pourtant s’imposer en l’occurrence, le gouvernement français pourrait basculer officiellement dans une attitude cobelligérante, synonyme de conflit généralisé.
Le philosophe Raymond Aron disait : « les hommes savent qu’ils font l’Histoire, mais ils ne savent pas l’Histoire qu’ils font. » Lorsque le temps sera venu pour les historiens de se pencher sur cette période, il ne faudrait pas que les Français, comme d’autres Européens, soient considérés comme les Malgré-Nous de l’OTAN. Ce serait le triste symbole d’une défaite intellectuelle et même civilisationnelle, pour notre pays.
Chacun à notre niveau, nous devons défendre le rôle de contrepoint de la France dans la mondialisation à marche forcée que nous vivons au quotidien. C’est un noble combat qui s’inscrit dans le temps long car, si les gouvernements des hommes passent, la France, elle, demeure et nous devons en transmettre toute la mémoire aux générations qui suivront.
Sachons entendre la voix des Malgré-Nous de 1942 qui nous rappelle que la liberté est précieuse et qu’elle a également un prix.
Si en tant que Nation, nous sommes prêts à payer le prix de l’indépendance vis-à-vis du concert des membres de l’Alliance de l’Atlantique Nord, alors nous connaîtrons un sentiment de vraie fierté, qui est le ciment inaltérable entre les citoyens de ce pays.
Vive la République et surtout, surtout, vive la France !
Emmanuel TAFFARELLI, Délégué départemental du Haut-Rhin